Hello papa, J'ai tellement de chose à te dire et à te demander à propos de notre relation. D'abord, je voulais te remercier d'avoir été là pour moi dans les moments difficile autant pour moi que pour toi. J'ai encore énormément besoin de toi, ça je le reconnais mais en même temps, je suis tiraillé par le fait de recommencer ma vie à 0, d'avoir une page blanche afin d'enfin pouvoir effacer tout ces évènements horribles qui me sont arrivé ou alors d'essayer (sans doute en vain étant donné de comment les choses sont pour l'instant)de renouer les liens qui sont si affaiblis. Je t'avoue que pour le moment, je pencherais plus vers la page blanche. C'est si dur de parler à des gens qui ont érigé des murs entre eux et moi. Alors je préfère abandonner. Je sens que je devrais m'éloigner pour mieux revenir, peut-être un jour, peut-être jamais. J'aimerais tellement qu'ont soit comme toutes les autres familles normales. Mais on ne l'a jamais vraiment été, alors à quoi je m'accroche ? J'étais pourtant sûr que votre amour était inconditionnel. Pourquoi m'avoir menti ? Je sais que le tien est inconditionnel. Je te remercie pour ça. Malgré tout j'ai amassé au fil des années beaucoup de ressentiments. Moi je me rappelle d'un papa peu présent, son attention était porté sur son travail. Puis après j'ai vu sa santé en déclin, la flamme de son couple s'éteindre voire pire, devenir comme de la glace s'ayant cristallisé. Ensuite, tu ne pensait qu'au Maroc et à rien d'autre. Ton regard était devenu comme vide. Comment pouvait-je gagner contre tout ça ? J'en ai souffert, j'en ai gardé des marques. Je suis désolé si l'absence de ton père t'ais fait énormément de mal mais avais-tu même une idée de comment un père devait agir ? Avais-tu même la sincère conviction d'avoir envie d'enfants ? Et maintenant tu dois être tellement déçu de moi, n'est-ce pas ? Papa, tes aller-retours au Maroc m'ont fait sentir comme si tu me fuyais. Est-ce que que tu m'aimes réellement ou aimes- tu la petite fille toute souriante qui se blotissait dans tes bras ? J'ai changé tu sais, toi aussi, alors comment pouvons-nous nous retrouver ? Mais en même temps qui suis-je maintenant, le moi adolscent à été avalé par l'anorexie, par la depression. Alors quel genre de personnalité je devrai avoir maintenant. Je suis juste fatigué à cause de la maladie, qui s'est transformé en mon seul trait de personnalité. Le fait que tu ne prononce jamais mon prénom ou seulement dans les moments où maman et Remy ne sont pas là. Jules c'est mon prénom à présent, quand tu prononces l'autre, celui que j'ai détruit ou que tu me genre avec des pronoms féminins... Une partie de moi meure ou du moins disparait. Je me demande juste pourquoi c'est si dur ? Tu me dis de faire des efforts ? Et pourquoi toi tu n'en fait pas pour voir qui je suis vraiment ? Est-ce que tu aimes seulement passer du temps avec toi ? Tu n'es pas obligé de continuer à m'aimer ou à passer des moments si tu n'aimes pas. Le vrai moi je veux dire. La version de moi que tu as devant toi. J'ai l'impression d'être incomplet, d'avoir un morceau de moi qui m'a été arraché quand j'étais plus jeune et de ne l'avoir jamais retrouvé depuis. J'ai cherché en toi et maman quelque chose pour combler ce vide. Mais il est evident, que vous n'êtes que des humains, avec des fautes aussi. J'avais tellement d'estime pour vous, vous étiez comme mes dieux sur terre. Je suis tombé de très très haut quand je me suis rendu compte que les seules personnes dont l'avis comptais à mes yeux, ne voulaient pas me comprendre. C'est à dire de faire l'effort même de poser des questions sur mon ressenti par rapport à mon genre. Sur pourquoi j'ai senti le besoin de transitionner. Peut-être que si on se parle plus sérieusement des choses qui nous tiennent à coeur, notre relation s'améliorera. Je ne sais pas si j'ai besoin de passé de temps de qualité avec toi ou si j'ai envie de temps loin de toi. Je t'aime papa, peut-importe ce que je dis ou ce que je ne dis pas, je t'aimerais pour toujours. Malgré tout, je t'aime.